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 la mort des amants.

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MessageSujet: la mort des amants.   la mort des amants. EmptyDim 24 Mar - 15:12

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Ne puis-je aimer sans m’autodétruire ? Serais-je hermétiquement fermé aux états purs ? Mon amour comporterait-il tant de poison ? (cioran)


Un grand fracas, la nuit se trouble avant son aube, la porte qui claque, des pas énervés, haineux, précipités et l'entrée de la pièce qui s'ouvre à la volée, Victor en ébullition qui devrait me terrifier mais rien n'atteindra ce calme inébranlable dans lequel je me suis plongée. Il a toujours su me trouver, la fuite est impossible. Devant sa mélancolie de la perte de son enfant mort avant d'être né, j'avais refermé chaque barrière qu'il avait fait tomber jusqu'à présent. Il n'avait pas le droit de tenir à cet embryon de malheur, il n'aura plus cette position si spéciale qu'il avait jadis dans mon âme. Son autel s'était écroulé et l'indifférence gagnait mon cœur face à lui. Il n'aurait plus l'ombre d'un sourire, je lui avait rendu service et il n'était devenu qu'un fantomatique ami. J'vagabonde dans les méandres de l'existence, la clope coincée entre l'index et le majeur, la fumée qui s'enveloppe dans la mélancolie du cœur. Une douce mélodie funèbre qui s'échappe entre mes lèvres, voilent mes yeux d'une brume nostalgique. Le bleu des yeux de Victor n'est qu'un océan tumultueux dans lequel je m'engouffre pour une dernière noyade semblable à l'agonie la plus totale. Le souffle coupé et les organes qui martèlent contre les parois de cette enveloppe charnelle qui dépérit à vue d'œil. Cernes, maigreur affolante, cheveux emmêlés, j'observe de derrière mon piano mon amant défunt qui lutte encore parmi les vivants, pour m'arracher la tête sans doute. Dans un frisson, je comprends qu'il sait, que j'me dirige vers l'abattoir. La colère s'fait sentir et ses baisers de désespoir me semblent bien loin, qu'au lieu d'avoir l'impression de baiser avec un homme qui s'est perdu, alors je perdrais l'homme. J'vois ses traits se tendre, ses mâchoires et ses poings se serrer sur eux-mêmes à s'en briser. Je m'interromps dans la symphonie et reste immobile. Il sait. Il sait ce que j'ai fait, ce n'est pas à moi de lui dire. Ça ne l'a jamais été. Je rétablissais l'ordre naturel des choses : Victor et moi, ensemble. A notre manière. Mes doigts écrasèrent le mégot consumé dans le cendrier, sortant une énième cigarette de mon paquet, attrapant l'aiguille préparée là, d'avance. La dose du sommeil, pour sombrer dans un néant simple, pur, enivrant qui abritait mes rêves, tuait l'insomnie et chaque microscopique sentiment que j'aurais pu éprouver. L'héroïne de mes nuits, ma solution de l'ombre du bonheur. La belle qui arrête le cauchemar incessant du quotidien, qui m'abstrait de tout. Mon amour qui me plonge dans ce paradis perdu où plus rien n'a d'importance. Une si belle catin qui les autres appellent une drogue, nom si réducteur devant l'effet qu'elle me prodigue. Devant le regard de Victor, ses yeux assassins, je joins la pensée à la parole pour finalement planter l'aiguille dans une veine qui parcourait son chemin sous cette peau translucide qui enveloppe chaque organe, froid, douloureux, une souffrance qui rappelle chaque jour que le souhait d'être robotique n'est pas encore exhaussé. Alors que chaque muscle se détends, la pensée que tous deux ressemblons à des carcasses à l'aube de la mort n'est que plus réel. Mais pitié, laissez-moi le plaisir de l'assassiner, doucement, tendrement, amoureusement, encore un peu. Qu'il atteigne l'usure, le point de rupture et de non-retour où alors, désespéré, il se retournera vers moi et sombrera dans mes bras frêles pour s'absorber dans le néant de notre étreinte. Dans un élan despotique, je me lève du siège et fais les quelques pas qui nous séparent et caresse sa joue d'une manière qui résonne sournoisement dans la pièce vide, seulement nous. Les deux amants, les deux cadavres. « Victor, as-tu perdu quelque chose ? » Une attention qui sonne faux, qui se brise entre les notes de la voix qui s'est perdu dans l'ironie. Un sourire carnassier se tord à la commissure de mes lèvres, se mêle à son hargneuse détresse. Bousillé, son futur illusoire, ses rêves mutilés de famille et de bonheur. Il me fait mal, je lui fais mal. Notre justice. L'équilibre et l'ordre des choses. Aucun remords.
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MessageSujet: Re: la mort des amants.   la mort des amants. EmptyJeu 28 Mar - 11:41

Il a tourné en rond de longue heures, réduisant ses cancéreuses au rang de tas de poussières. Les unes après les autres. Elles s'écrasent sous ses pieds, à l'image de ce qu'il se voit piétiner dans ses songes embrasés. Autour de lui, les gens pullulent. Vicieux insectes qu'il fuit ardemment. Il fend la foule comme une ombre meurtrière. Son regard d'acier ne prête même pas l'illusion de sociabilité. Dans sa tête, les images tournent. Le visage de la serbe, démon personnel. Représentation de tout son enfer. Hargneux, le cygne noir. Le ventre arrondie de l'italienne. Elena et son visage dévasté sur le lit d'un hôpital aux odeurs de mort. Son ventre gonflé par des hématomes à foison. Plus rien que des tripes enfermés dedans. Une ombre chétive qui danse sur les murs, dessin mesquin qui vous crache à la face pour l'abandon subi. Le récent qui s'enfonce dans le passé. Album photo aux couleurs sépia.

Arrière goût de rancune désespérée.

« Tu as perdu quelque chose, Victor ? » Un regard qui s'ancre dans le sien. S'écrase sur celui de sa serbe. La décadente. Elle est fière de son tour de magie. Le marmot qui germe et d'un coup de baguette mafieuse disparaît. Son sourire carnassier aiguise la rage de Victor. Les débris de ses espoirs se sont amoncelés, ils ont comprimé son cœur. Le palpitant expire, lui qui autrefois n'était alimenté que par les illusions que Swann attisaient constamment. Elle se délecte, la vicieuse, de son tour de passe-passe. Quand, dans le corps de Victor, c'est le vide qui s'imprègne, dans celui de Swann, c'est un feu d'artifice. Elle lui retire ce qu'il attend, rendant incertain chacune de ses espérances.

Grande joueuse. Catin envieuse.

Sa main, vicieuse, danse dans les cheveux de sa serbe. Il illusionne les douces caresses et s'approche de trop prêt de son visage d'opale. Son odeur familière possède ce matin des fragrances détestable. Caressant de son souffle l'oreille du bourreau, ses doigts s'enroule dans sa chevelure, agrippe sa tignasse, la tire légèrement vers l’arrière d'un coup vicieusement sec. « Je n'ai rien perdu. Tu me l'as volé. » Voleuse de l'actuel rien. Du futur-infime. Des espérances trop brèves. Offrant en retour des désillusions embrasées. Une justice chancelante dont ils usent avec trop de légèreté. Persuadé d'être les tenanciers de la vie de l'autre, au point même d'en oublier où se trouve les limites. Franchies depuis longtemps, trop éloignées d'eux désormais pour qu'on en discerne encore le contour. Ils sont allé trop loin. On plongé trop profondément.

Se noie.

« C'était quelque chose qui m'importait beaucoup. » Et dans son murmure plaintif, il veut son dédommagement. Une vie pour une vie. Sans doute la serbe n'a plus qu'à payé de son sang. Peut-être sera-t-il même capable de la saigner jusqu'à son dernier souffle. D'apposer sur ses lèvres le baiser de la mort et d'attendre ensuite que son propre monde s'éteigne au rythme du cœur de Swann qui expire ? Entre temps, la rage se sera-t-elle apaisée ? Noyée par la peine qui l'assaillira alors.

Ce sont les condamnés.
L'implosion des amants maudits.
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MessageSujet: Re: la mort des amants.   la mort des amants. EmptySam 30 Mar - 18:15

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Ne puis-je aimer sans m’autodétruire ? Serais-je hermétiquement fermé aux états purs ? Mon amour comporterait-il tant de poison ? (cioran)


Un mouvement brusque, des racines arrachées, une souffrance supposée venir qui est en retard, qui ne vient pas. Amorphe, c'est un éclat de rire de démence qui me prends, le cœur qui menace de déchirer et la douleur retardée qui ne viendra qu'après son départ. Et Victor lance ses mots dans l'aube, ses phrases de désespoirs, ses verbes acerbes dans son jargon acide. Il brûle chaque cellule, chaque atome de l'air s'électrise comme un orage d'été, prêt à exploser. Ses yeux meurtriers, hagards, perdus. Ses mains qui ont entamés un tango démoniaque entre mes cheveux emmêlés. La folie qui nous guette, mes côtes douloureuses qui se sont trop soulevés. L'ironie se tait dans nos souffles, si proches et pourtant nous sommes à des galaxies l'un de l'autre. Plus les mêmes espoirs, plus les mêmes rêves, et ce besoin constant de s'acharner l'un sur l'autre, de s'arracher le cœur. Ô mon doux Victor, retrouve ta raison, retrouve notre aliénation. Atterrissage. Réalité. Le sourire dédaigneux qui semble agrafer à mes lèvres. « As-tu une seule preuve de ce que tu avances ? » La vérité est là, inscrite dans une vie avortée, nous savons. C'est le propre du cauchemar, dévastateur, indicible, invisible. Assassin.

Loin de nous, nos étreintes mesquines. Hors du temps, la passion qui nous détruit encore, la tension palpable, le premier faux pas qui se fait attendre. Se fait désirer. Pour se massacrer, plus durement, s'enivrer dans nos amours passés. Cette fierté, toujours, qui m'habite, qui reprends le dessus, quand il parle de cet intérêt si dégoutant qu'il portait à ce fœtus sans âme. Un futur où mon nom s'efface, des espoirs roses qui ont pâlis, les paillettes de sa petite fée qui lui restent collées au cœur mais qui ne sont plus que des restes. Des squelettes d'avenir. Il n'est pas dans son droit, de me laisser, de quitter la déchéance qui nous est propre. Nous tomberons ensemble amour, jusqu'à la tombe. Alors mes yeux s'ancrent dans les siens, l'envie d'exploser guette l'atmosphère, une rage primaire et bestiale, la volonté de cracher sur sa gueule d'ange déchu. L'héroïne se fait doucement un chemin tendre et funeste dans mes veines, nous nous sommes sans doute déjà quittés, tentons une nouvelle fois dans ce qui nous est propre, la douleur. Il n'a entre ses mains qu'une poupée vide, dont il n'entendrait que les bruits de pièces mécaniques s'il la secouait, mais le cœur est parti avec son propriétaire. Si enivrant, si malsain, comme un vin dont les vapeurs m'ont contaminée, ces vulgaires six lettres qui font un monde, Victor. Oh non, il ne peut me laisser. Pas avant sa vengeance mortuaire. D'une voix morne, qui se brise sur son prénom, un rappel. « Tu m'appartiens Victor, n'ose pas l'oublier. Tu es à moi. Et je finirais par te détruire comme tu l'as fait, même si je dois y passer. Te voir la tête au sol, bouffer la poussière, ça en vaut largement la peine. Nous sommes enchaînés, toi et moi. Tu ne peux rien contre cela. » La descente, l'angoisse, l'indifférence au lieu et au temps, il n'y a que son regard et sa souffrance. Un bien fou. La sensation d'être une condamnée qui se prépare à arpenter le couloir de la mort, les dernières minutes de peine, j'veux juste qu'on me libère. Qu'on lui coupe la tête. Ou les veines.
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MessageSujet: Re: la mort des amants.   la mort des amants. EmptyJeu 4 Avr - 21:12

« As-tu la preuve de ce que tu avances ? » Sa question cinglante est un pied-de-nez à cette dignité déjà bafouée que Swann exhume avec son sourire mordant. Elle fait du cœur de Victor son feu de camp personnel, lâchant sur le palpitant déglingué tout son acide venin et les dernière lueur d'espoir heureux qu'ils conservaient tout les deux. Les nerfs de Victor sont tendus sur ses bras, appels désespérés à l'explosion. Dans son corps, c'est l'ouragan. Les tripes se battent avec sa tête et le vide appel son âme.

Ô Swann, on ira même jusqu'à reposer dans les abysses infernaux ensemble. Les gens viendront cracher sur notre sépulture avec un dédain mériter. On ira profaner nos tombes et brûler nos corps. Même dans l'au-delà, le repos ne nous attend pas. On pourra lire sur les pierres de marbres quel duo fou on était. Les amants enflammés, qui d'un baiser s'embrase, d'un autre se tue. Qui de leurs caresses s'arrache le cœur avec un amour improbable. On aura plus qu'à errer sur les bancs des enfers, attendre une éternité à se voir sans s'effleurer, à se tuer sans même parler. D'un seul regard, on ira encore crever.

« Tu m'appartiens Victor, n'ose pas l'oublier. Tu es à moi. Et je finirais par te détruire comme tu l'as fait, même si je dois y passer. Te voir la tête au sol, bouffer la poussière, ça en vaut largement la peine. Nous sommes enchaînés, toi et moi. Tu ne peux rien contre cela. » La cruelle vérité éclate à la gueule. Il l'a toujours su. Il avait lui même forgé les chaînes qui entravait sa liberté, il s'était lui-même voué à Swann dans toute son incandescence lorsque, plus jeune ils avaient été le parfait tandem. Mais cette vérité portait aujourd'hui le goût âpre d'une rancune qu'il savait irréversible. Dans les yeux de sa serbe, une détermination qu'il haïssait.

Il s'est retourné, perdant son visage de vue. Sa main repousse la porte d'entrée et la verrouille « Tu as signé ton arrêt de mort. » Et dans son souffle de rancune, il sait que le sien est signé aussi. Qu'ils montent au sommet ou s'effondrent aux enfers, Swann et Victor ne font qu'un. Est-ce un mal, ou un bien ? Finalement, l'importance est moindre, il n'a désormais plus rien à perdre.

Jusqu'en enfers.

« On ne sortira pas d'ici, Swann. Pas avant que tu ne sois rampante devant moi à implorer un pardon que je ne t'accorderais jamais. Et si on doit y crever, dans cette pièce exiguë, soit. Je suis prêt à venir t'arracher la langue dans un baiser pourvu que t'en chiale. » Les limites effondrées depuis des années ne semblent n'avoir été qu'un avant goût insignifiant de cet instant. Désormais, le monde ne possède plus de loi, plus aucunes. Celles que Swann a entravé ont libéré Victor. Et s'il devait venir lui arracher le cœur de ses propres mains, s'arracher le sien ensuite de désespoir, il le ferait. Il veut voir la dignité de sa serbe s'embraser sous ses yeux amers. Voir son visage déformé par la rage, son cœur agoniser, qu'il piétinera avec joie, sa tête exploser face à cette souffrance psychologique qu'il est prêt à lui faire endurer. Un juste retour des choses. Dans leur jeu sadique, elle a joué son tour.

Au sien, désormais.
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MessageSujet: Re: la mort des amants.   la mort des amants. EmptyVen 5 Avr - 19:43

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Ne puis-je aimer sans m’autodétruire ? Serais-je hermétiquement fermé aux états purs ? Mon amour comporterait-il tant de poison ? (cioran)


«  tu as signé ton arrêt de mort. » ô amour, si tu savais à quel point je suis déjà condamnée à tes côtés. Tu transperces mes silences, je fane ton bonheur. Qu'avons-nous fait ? Réunir deux démons dans une étreinte aussi infernale que jouissive, pourquoi ? Pouvons-nous encore nous enterrer alors que nous sommes d'ores et déjà six pieds sous terres, nous décomposant l'un l'autre vers l'état cadavérique qui nous attends ? Victor, mon poison, mon destin, mon éphémère, mon éternité, mon bourreau, mon amant. L'amertume et la nostalgie de notre passé, nos fantômes d'espoir. Reviens. Reviens dans mes bras, reviens entres les crocs de cerbère. Ton sévisse. La tension se fait palpable, électrique. La porte qui a claqué, nous sommes enfermés, l'un avec l'autre, nous nous confondons l'un dans l'autre. Je suis libre de son étreinte et c'est d'un froid plaire dont mon cœur s'éprend. Le vide. L'absence qu'il a laissé, ce douloureux virus. Si tu savais. Tu l'as déjà remarqué, je suis déjà morte. Morte de toi, de tes mains, des tes sourires, de tes regards, de tes gestes et tes attentions, un coup de couteau, toujours plus profond. Et cette blessure dont nous ne guérirons jamais. Ad vitam æternam.

Trop de suffisance qui habite un corps trop petit, cette fierté qui déborde et qui bouillonne entre mes veines. Chaque battement de mon pauvre cœur se damne pour ces yeux, si purs, si déchus. Il se brûle de haine et se consume d'amour. Mais n'aspire plus qu'à détruire. Rompu, l'accord tacite de nos possessions. De notre emprise mutuelle. Un théorème qui se brise, la réciproque qui se fait la malle, la drogue qui afflue. Ce même sourire qui hante mes lèvres, se transforme en masque. Impassible. Hautain. Victor a chuté de son autel, les pierres de son piédestal s'effritent, s'effondrent une à une pour le foutre plus bas que terre. Détruite, l'estime que je lui portais. Le néant qui creuse son écart. Mon corps se laisse choir sur le fauteuil qui accompagne mon piano durant sa tirade, clope, briquet. La flamme qui éclaire brièvement notre cauchemar. Un regard las que je lui réserve dans ces moments d'agacement harassants. L'indéchiffrable indifférence que je ressens n'a plus ses limites. Un soupir enfumé qui se perds dans l'air. « Amour, » Un surnom qui écorche les lèvres, le corps tout entier. « M'as-tu seulement déjà vue pleuré ou m'excuser ? J'avais la prétention de croire que tu me connaissais mieux que cela. » Les doigts qui s'échappent sur les touches d'ivoire, les vibrations d'un couple de notes oscillent dans le silence. « Essayes. Essayes de me briser. » Peine que je sais perdue, même si je ne fais que l'attendre. Mais cette fissure qui me fracasse est trop béante, peut-il briser ce qu'il sait être déjà en plus de mille morceaux ? 'Regarde moi dans les yeux tu comprendras que j'suis qu'une baltringue.' Nos peurs n'existent plus, nos plus profonds démons détonnent vers la perdition, se toisent dans une roulette russe muette. Qui craquera ? Perdra ? Nos cœurs battant l'un pour l'autre ne sont plus, n'ont sans doute jamais été, un attachement parfait dans son narcissisme. Se faire du mal pour ne plus avoir mal, un schéma ô combien vainqueur et nous nous sommes vaincus. J'ai tant souffert de toi, que je n'ai plus mal. Je ne ressens plus rien. Victor, mes félicitations. Tout comme moi, tu as désormais un monstre devant toi. Retrouvons notre humanité, pour mieux voir le chemin de l'abattoir dans lequel nous nous jetons. L'agneau innocent n'a pas sa place. Deux loups, à l'appétit gargantuesque. Une faim d'apocalypse. Dans notre symbiose la plus parfaite, nous nous retrouvons seuls. L'un contre l'autre. Cet 'ensemble' que nous étions me semble si lointain.

Et cette question assassine qui vient se glisser entre mes neurones, comme un adage, une berceuse meurtrière qui se répète inlassablement comme la valse à mille temps : « nous sommes-nous déjà aimés ? »
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MessageSujet: Re: la mort des amants.   la mort des amants. EmptySam 6 Avr - 21:03

« Amour » Un surnom ô combien ironique. L'amour n'a pas de sens lorsque Swann et Victor en use, de quelques manières qu'il soit. Ce ne sont que cinq misérable lettres qu'ils tentent de faire tenir sur leurs effusions explosives de pseudo-sentimentalité carnassière. Elle use et abuse de son charme et de ses mots pour garder en main les rennes de sa vengeance sournoise. Victor demeure stoïque. Planté devant cette porte close. « M'as-tu seulement déjà vue pleurer ou m'excuser ? J'avais la prétention de croire que tu me connais mieux que cela. » Ses doigts glissent sur les touches de son piano. Mélodie miséricordieuse sur leurs esprits démontés. Les accords qui attaquent le silence comme eux attaqueraient la vie. « Essayes. Essayes de me briser. » Son appel à la destruction, bourré de dignité mal placé et un sourire qui s'éprend des lèvres de Victor, rictus terrifiant, à mi-chemin entre l'amusement face à un jeu morbide et la rictus de colère qui semble brûler ses lèvres.

Folie.

« Il y une première fois à tout. » Douce violence par laquelle il défini la déchéance qu'il lui imagine déjà. Rose des vents au mille épines. Au cœur aussi sombre que les ténèbres. Finalement brûlé, encore une fois. Encore par lui. « Je te connais mieux que personne. Je te façonne depuis tellement longtemps que je te peindrais les yeux fermés. » Et l'inverse est tout aussi vrai. Ils le savent. Là est bien la source de cette perte annoncée. Cette histoire n'est qu'une course à la mort. Magnifiquement atroce. Swann. Sa serbe. Son œuvre erronée, aux traits trop exactes mais au fond maladroit. Des couleurs mal assemblées. Un mélange détonnant. Le peintre fou aux esquisses tout aussi folles. Le dessin qui prend vie, qui le façonne à son tour. Esquisses avortés. Mal achevées.

Foutues.

« Mais tu as raison, j'ai été surpris. » Un nouveau sourire vient glisser sur ses lèvres, s'approchant de sa serbe avec une nonchalance trop bien assurée pour être réellement décontractée : la colère souffle encore dans ses veines, brûlant tout son corps d'une rage qu'il ne parvient pas à atténuer. « Je n'ai pas compris que toi, qui pensais que je lui appartenais puisse avoir peur d'un.. de rien, en fait. C'était rien. Il n'était même pas là, ce mioche. » Subtilité mordante suintant de reproches implicite qu'elle refusera d'accepter, persuadé d'avoir agit pour le meilleur, d'avoir été celle qui avait fait le bon choix et emprunter le meilleur chemin, traînant Victor tel un boulet de désespoir. « Peut-être que je nt'appartiens pas autant que tu aimerais le croire. » Mensonge éhonté balancé sur le fil d'un espoir brûlé depuis bien longtemps. Il bâtit sur des cendres. Il ne lui appartient que trop mais l'infime espoir infiltré entre eux et son air trop assuré lui donne des airs de salaud honnête qui enflamme les idées sombres. Un moyen vicieux de supposer une chose improbable et qui, pourtant, aurait une chance de germer comme une bombe a retardement.

A mon ange, devenu noir.
A nos amours écorchés.
A nos vies en déclin.


User de violence n'aurait qu'une utilité moindre. Le plaisir éphémère de la voir supporter les affres de ses coups. Quelques bleus disparus à l'aube. Mais les cicatrices de l'esprit perdure au-delà du temps. Il frappe d'un coup sec les espoirs qu'on nourris. Détruise ce qui reste de bonheur dans l'âme. Vicieusement, Victor cherche à la faille. Celle dans laquelle il crachera son venin et contemplera l'agonie de serbe.

Je crache ma haine sur l'écume de nos sentiments exacerbées.
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MessageSujet: Re: la mort des amants.   la mort des amants. EmptyMar 9 Avr - 16:40

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Ne puis-je aimer sans m’autodétruire ? Serais-je hermétiquement fermé aux états purs ? Mon amour comporterait-il tant de poison ? (cioran)


Les premières fois, nous les avons vécues ensemble. Et nous avons tant vécus qu'il ne reste que nos malheurs pour nous achever. Victor, tu veux me voir pleurer et j'ai voulu voir ton cœur se briser. Une façon d'équilibrer la balance, se donner un semblant de justice dans notre paradoxe précaire. Toi et moi, nous savons la vérité. Instables. Nous l'avons toujours été et le serons toujours. Qui pourrait prédire ce qui peux nous arriver ? Qui aurait pu deviner nos actes impulsifs et passionnément assassins ? La dure réalité qui résonne, une vérité général, chaque rouage défectueux de notre anatomie, chaque dysfonctionnement cérébral se lient comme une impression de partage, le même sadisme, la même instabilité qui nous guette tel la faucheuse sur le lit d'un mourant. L'attente du coup fatal, du destin nous trainant dans les abîmes. Dehors, il commence à pleuvoir, et nos cœurs sont boueux, embourbés dans notre liaison si maladive et sinistre. « Façonne », « peindre », il parle de moi comme de son œuvre, nous sommes la représentation du sublime. Si dégueulasse qu'elle en devient belle, à en crever. Une toile vierge à l'aube de nos vies, que nous avons tâchés de notre sang avec les années. Nos œuvres et nos maîtres, des monstruosités violentes qui ne dorment plus la nuit. Victor et Swann. La fusion, la symbiose, le déchirement. La perte. La tombe.

Je ferme les yeux un bref instant, lassitude, le cœur qui bat trop vite, l'effet de sa présence, la vérité dure à avaler. Déglutir. Faire passer. Inspirer. Expirer. Tenter de sortir la tête de l'eau, éviter la noyade. Vivre, encore un peu. Pour mieux le détruire. Encore, inlassablement, jusqu'à produire une sensation d'invivable qui lui restera empreinte en lui. Il parle de sa surprise, et j'enrage. De le savoir encore trop lucide, de me comprendre trop. L'insupportable, le salaud. Voir sa tête sur une pique, putain le bonheur. J'aimerai le frapper, l'étriper sur place, lui arracher chacune des dents sans anesthésie, lui briser les pommettes avec un petit marteau, ne laisser de lui qu'une enveloppe vide. Vide de sens. Mais je n'ai pas la force. « Te voilà bien prétentieux, Victor. » Cracher les mots avec violence, dans notre absurde réunion. Que faisons-nous maintenant ? On s'arrache au bonheur comme si cela donnait un sens à nos vies. « Pour ce que tu appelles 'rien', je te sens toutefois bien énervé. Es-tu sur de ce que tu avances ? » Et je ris quand ses mots transpercent mon être, jouer l'humour, cacher sa peine. Le schéma habituel. Une routine si bien huilée, putain, les cadavres émotionnels que nous sommes. La fatigue nous étreint, se ressent dans nos gestes, ou peut-être l’héroïne me fait tourner au ralenti, perdre l'équilibre avant l'éboulement. Faussement choquée, je détourne ses théories qui brûlent de clarté dans notre pénombre. « Oh chéri, je suis bien trop sentimentale, je pensais naïvement pouvoir te le cacher ! » Le regard qui s'assombrit, l'agacement palpable. Connerie, tuez-moi tout de suite si je pense un jour ces mots. « Et que comptes-tu faire à propos de cela ? Tu veux m'éviter, la serbe plus tenace qu'un virus incurable ? Laisse-moi rire. »

Mes articulations craquent dans un bruit funeste, comme une annonce de la mort. Mes pas sont lourds, trainant jusqu'au buffet boisé, celui qui fait penser au poème de Rimbaud. Seule raison de sa présence, en plus de son contenu. Une bouteille de whisky japonais, un verre, un coup d'oeil vers Victor, un deuxième verre qui se remplit. Une énième clope qui s'allume, un main cadavérique se tends, lui proposant de quoi désaltérer sa gorge, ce n'est pas l'alcool de la paix mais de quoi raviver la flamme de notre guerre. Notre malheur n'est pas une malchance, nous le commandons. « J'attends toujours de voir si je ne te dégoûte pas trop pour que tu viennes les chercher, tes excuses. » Proposition malsaine. Nous n'avons pas de résistance l'un par rapport à l'autre. Tout n'est que tentation.
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MessageSujet: Re: la mort des amants.   la mort des amants. EmptyMar 16 Avr - 13:18

« Te voilà bien prétentieux, Victor. » La même prétention que celle qu'elle porte en elle. N'est-ce pas le propre des pires démons de croire davantage en eux-même qu'en autres choses ? Leur relation reposant sur un égoïsme détestable qui les liaient autant qu'il les séparaient. « Pour ce que tu appelles 'rien', je te sens toutefois bien énervé. Es-tu sur de ce que tu avances ? » Son regard la transperce. Petite serbe ravie de toucher la corde sensible, qui frappe dedans comme dans un sac de frappe et se délecte des cris de douleur muet qu'il pousse dans le silence accablant de leur désolante entrevue. Trop souffrant, il se tait. Il l'écoute déverser ses paroles trop maîtrisées. On dirait une actrice dramatique, elle connaît tous ses vers. Aiguisés comme des dagues qu'elle enfonce sans aucune honte. « Oh chéri, je suis bien trop sentimentale, je pensais naïvement pouvoir te le cacher ! » Il esquisse un sourire indifférent. Son cynisme à la con ne l’atteins pas. C'est un mur. Du moins, veut-il innocemment le faire croire. « Et que comptes-tu faire à propos de cela ? Tu veux m'éviter, la serbe plus tenace qu'un virus incurable ? Laisse-moi rire. » Réalisme parfois dérangeant. Swann sera toujours là. Leurs vies sont liées, comme si un seul cœur était partagé pour deux. Explication logique de leur cruauté singulière. Et leur égoïsme qui les poussent à se battre pour ne pas voir la moitié de leur palpitant déglingué s'épancher vers quelqu'un d'autre. Belle connerie. Toute cette histoire n'est qu'un vaste bordel. Des eaux noires et profondes qui les happent et attend de les noyer.

Apocalypse des sentiments.

Il s'avance vers elle, comme s'ils voulaient avoir une véritable discutions d'adultes, comme s'ils pouvaient effacer en quelques minutes les plaies béantes que Swann avait ouvertes. Des conneries tout ça. Ils étaient condamnés. Mais leur arrêt de mort était signé depuis si longtemps que Victor de ne se souvenait même plus de leur lointain passé, avaient-ils déjà savourer un réel bonheur sans avoir les cicatrices encore douloureuses sur le corps ? Peut-être que toute leur joie ne résultait que d'un profond désespoir. Il attrape le verre de whisky qu'elle lui tend. « J'attends toujours de voir si je ne te dégoûte pas trop pour que tu viennes les chercher, tes excuses. » Swann Milinkovich, provocation faites femme. Sans limite. Sans âme non plus. C'est une enveloppe charnel remplie de cruauté perfide et de cas de consciences lacérés. L'alcool descend sec dans son ventre. Le gosier chauffe, les tripes aussi. Pour des raisons différentes. Il pose son verre sur le buffet et se ressert dans un morne silence. Mais il ne boit pas. Pas cette fois. Ses lèvres s'écrasent sur celles de Swann, avec une impudeur indécente, une violence malsaine. Un besoin trop refoulé.

Poison addictif.

Et lorsqu'il s'en détache, il susurre à son oreilles. « Tu m'donnes envie de gerber. » Mensonge cynique. Elle sait qu'elle représente tout ce qu'il désire. La représentation de ce qu'ils sont l'un pour l'autre est bien l'unique source de toute cette guerre d'égo.

Alors, au final, sans doute que la seule chose qui puisse l'irriter, c'est l'affreuse vérité que lui-même refoule. L'évidente cause d'une rage grandissante dans ses tripes, qui gonfle sa haine et fracasse son amour. Dans un souffle chaud, irrité, il murmure : « T'as raison, j'voulais l'aimer, ce gosse, Milinkovich. » Mais pire que de vouloir l'aimer, il aurait été capable d'abandonné sa serbe pour ce marmot. C'est toute l'horreur de leur histoire. « Tu manquais donc de confiance en toi, pour ne pas lui laisser une infime place? » Il attaque son égo surdimensionné avec ses reproches amers. A trop s'aimer, à trop se déchirer, ils ont oublié que le monde tournait encore, que des événements continuaient de régir leurs vies et qu'ils ne pourraient jamais rien y faire.

A part détruire.

Détruire encore. Inlassablement. Mettre à feu et à sang tout ce qui les entourent. Vivre sur des ruines de désespoir et de douleur. Croire que c'est une utopie. Ne rêver de rien d'autres que de leur monde si sombre, plongé dans un néant ensanglanté. Espérer ne jamais le quitter. Finalement y mourir avant l'heure. Sous le joug d'illusions empoisonnées.

« On s'enlise. On se gâche. On ne fait que cela. Se gâcher. S'affronter. Se baiser. Se cracher. S'aimer. Se torturer. A trop se déchirer on finira sans doute par en crever.

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