▷ yesterday's trashs, tomorrow's news.

Petit fils d'Aymone, princesse de Faucingy-Lucinge, seul descendant masculin de la famille, Mahaut se retrouve héritier principal d'une des plus vieilles familles de France. Pourtant cela n'a aucun sens pour lui, qui depuis le début de son adolescence ne trouve plus sa place dans cette famille très pieuse faite de faux-semblants, si un jour il l'a trouvé. Il n'accepte pas celle qui lui est imposée. Il ne supporte pas l'idée que son avenir soit tracé depuis l'annonce de sa naissance, et que quoi qu'il fasse rien ne le changera. Car il n'a tout simplement pas le choix. Il a évolué dans un cocon doré où tout a été mis en oeuvre pour que le petit prince prenne la place à papa, sans se demander ce dont lui avait envie, puisque ça n'a aucune importance. Enfermé dans cette prison doré, Mahaut a rapidement cherché à la fuir sachant pertinemment qu'il ne pourrait jamais. Qu'il ne pourrait échapper à ce paradis artificiel et prédateur où le plus puissant écrase le plus faible. Où l'argent coule à flot, où l'argent est sensé tout remplacer ou tout créer, avec lequel on pourrait tout provoquer, contrôler, persuadé que ça finira par nous rendre heureux, sans savoir vraiment ce que c'est le bonheur. Tout ça le dégoûte, toutes ces vieilles aux seins refaits qui viennent s'acheter une nouvelle voiture dans une vente de charité pour les petits éthiopiens. Mais qu'est-ce qu'elle en a foutre la femme qui se fait refaire le cul et les seins, par peur de ne plus être désirable, des petits africains qui crèvent de faim ? des victimes de dictatures indélogeables en Afrique, simplement parce que durant la colonisation on ne leur a laissé aucunes chances de s'en sortir réellement ? Rien, absolument rien. Mais ça donne bonne conscience, et une bonne image, d'être attristé par le sort de tous ces gens-là. Et si Mahaut, aujourd'hui décide sur un coup de tête de s'acheter une nouvelle voiture, de partir à l'autre bout du monde pour faire la fête ? Il n'en aura rien à foutre non plus. Tout simplement parce que l'argent les pourrit, jusqu'à la moelle. Lui le premier. Ce monde le débecte, mais il ne connait rien d'autre. Incontestablement il en est un membre à part entière. Alors, il préfère se perdre dans des paradis qu'il se crée, au gré de ses envies. Et prend un malin plaisir à tout détruire aussitôt. Persuadé que tout s’effondrera de nouveau comme s'est déjà arrivé à de nombreuses reprises. Les proies qui s'offrent à lui sont acceptées avec plaisir. Mais refoulées aussitôt qu'il le décide. Tourbillon insensé et violent, il ne supporte pas d'être seul physiquement parlant. Ce qu'il veut, il l'a. C'est lui qui fixe les règles du jeu, et personne d'autre. Possessif avec ses jouets, il est extrêmement dangereux d'aller virevolter sur ses platebandes. Et les terres conquises ne sont pas à vendre. Terriblement autoritaire, colérique à ses heures et arrogant non dissimulé. Détraqué, introverti mais cependant impassible. Dans ce monde de rires superficiels et de coupes de champagnes, on ne peut se permettre de fléchir. Montrer une faille serait signe de mise à mort future par la communauté. Faux semblants et doubles visages sont donc le quotidien de Mahaut. Devenu maître dans l'art du camouflage, on lui reconnait une certaine réserve par moment, on le qualifie parfois de secret. Difficile de cerner ce personnage qu'il s'est construit au fil des années. Même lui commence à s'y perdre et oublier qui il est. Peu à peu il devient l'ombre de lui-même.

▷ hi, society.

« MOI, LE MEANDRE BLEU QUI VERS LE CIEL SE TORD, ME PLONGE EN UNE EXTASE INFINIE ET M'ENDORT... »
Les lumières dansent et viennent s'étaler confusément sur le pare-brise de la voiture, donnant ainsi une note dorée à la pluie qui ruisselle violemment sur celui-ci. La nuit écrase le paysage endormi dans lequel on s'enfonce à pleine vitesse. Non loin de moi, confortablement installée sur la place passager elle s'est enfin endormie. Son visage est apaisé, comme il ne l'est que lorsque le sommeil s'est épris d'elle. C'était une nuit comme celle-ci que tout a commencé. Elle n'a pas beaucoup d'amis, et le sommeil n'en fait pas parti. Alors, lorsqu'une crise d'insomnie pointe le bout de son nez, je la prends pour une ballade nocturne en voiture dans Paris. Quelques fois ça peut prendre des heures avant qu'elle ne s'endorme, mais le plus important c'est qu'elle finisse par le faire. Les yeux rivés sur le bitume humide, je roule encore et encore. Mon pied appuyé sur l'accélérateur, nous nous faufilons telle l'ombre de ce que nous sommes dans cette ville qui nous ronge. Il n'y a qu'avec elle que j'ai l'impression de pouvoir respirer de nouveau, de faire et vivre quelques choses qui ait de la valeur. Car elle a de la valeur, au milieu de tous ces pantins consumés par l'idéal qu'ils se font d'eux-même. D'ici quelques minutes nous devrions arrivés devant les portes de son appartement, j'irai alors la déposer dans son lit et l'y laisserait jusqu'à ce qu'elle me demande de revenir. Mes mains crispées sur le volant, je ne parviens à tourner là où je le devrais car finalement, ce soir je n'ai plus envie de la laisser. Je lui ai toujours refuser de venir dormir chez moi, car aucune fille ne dort chez moi. Evidemment, des dizaines y sont déjà passées, pour que je les fasses crier que ce soit dans mon lit, sur le tapis ou encore le canapé, mais aucune n'est autorisée à y rester plus longtemps. Ne jamais confondre baise et intimité. Mais je n'arrive pas à me résigner à la laisser ce soir, alors il est temps de ravaler ma fierté et de lui accorder l'importance qu'elle mérite. A vive allure nous approchons de notre destination finale. J'aime rouler à heure-ci dans le rues de Paris, tout y est calme, apaisant. Je jette de nouveau un coup d'oeil sur son visage pour m'assurer qu'elle dort toujours paisiblement mais une vive lumière blanche m'aveugle. Et c'est dans un fracas assourdissant que soudain, je réalise que les roues de la voiture ne touchent plus le sol, avant de plonger dans l'obscurité la plus profonde.


« Il y a ce corps, d’abord, allongé sur le sol et dont les membres, soigneusement désarticulés, semblent tendre et défaillir vers quelque liberté. Il y a ce corps, et, d’une certaine façon, je crois que c’est assez. Qui douterait de cela ? J’ai, au fond du ventre, l’impression farouche que ça ne suffit pas. Que voudrais-tu savoir ? Le parfum de la lumière ou la couleur des sons ? Qu’espères-tu trouver un jour sinon quelques autres cadavres putréfiés sur ta route ? Il est loin le temps des pieds nus le long des chemins, le môme, il est loin le temps des amours folles dans les cours de récréation. Sous la couleur dorée de sa peau, c’est un cimetière que tu as trouvé, le môme. Qu’espères-tu encore ? Je pourrais te dire les contes inénarrables, je pourrais t’inventer des fables, te faire rêver, t’effrayer à te faire hurler, je pourrais, mais ça ne compte pas. Tu as le regard fuyant et sous ton visage jeune, tes joues roses et tes cheveux fins, ne vois-tu rien venir ? Tu as tout essayé. Soyons franc, regarde-toi en face. Quoi ? Il n’y a plus aucune excuse, plus aucun prétexte qui ne pourrait te protéger, ta psychologie donne dans l’absurde et, comme un métronome usé, tu t’essouffles et tu t’épuises, le môme. Vas-y, hurle que tu t’en fous. Moi, tout ça m’agace. »
C’était le délire, vraiment, un incroyable foutu bordel qui s’est, en une seule seconde, enfoncé dans nos vies jusqu’à nous faire chavirer. J’ignore le nom de cette chose, j’ignore sa définition même sinon qu’elle fout tout en l’air d’une façon spectaculaire. Pourtant, dans mon excitation naissante ou dans la lueur de mon œil, je sais bien que, quoi que j’en dise, j’étais exalté. « Le méandre bleu qui vers le ciel se tord ». Nous étions immortels, nous étions beaux. Rien d’autre ne comptait sinon que de vivre heureux, rassasiés : nous avons joui, tant de fois. Cette vie-là, c’était comme un orgasme répété, fulgurant et rythmé, qui, chaque fois qu’il semblait s’éteindre, repartait de plus belle. Nous avons été pulvérisés par le rythme de ces nuits-là. Elle, moi, ce qu’il restait de nos projets, de nos rêves, ce qu’il restait du nous au-dehors de nous. Nous avons tout obtenu parce que nous avons tout risqué alors, dans la confidence de nos nuits partagées, nous avons été heureux, libres ; nous avons joui, nous avons joui tant de fois.
C'est vrai, j’en n’ai rien à foutre d’être ce môme-là. Je me fous de tes avertissements, je me fous de la mélancolie latente qui s’est fichée au cœur de mon existence jusqu’à faire de mes rares émotions de constantes résurgences d’un idéal démoli. Tu veux la vérité ? C’était grandiose, j’ai pris plaisir à ruiner toutes les choses qu’on m’avait averti de préserver. Je n’ai besoin de personne, je n’ai besoin de rien, si tout ce que tu me proposes, si tout ce que tu m’apportes, ne rivalise pas avec ces nuits-là. Peux-tu promettre un feu d’artifice dans ma poitrine ? Peux-tu m’apporter l’infini sur un plateau ? J’avais dans les yeux tellement d’étincelles, j’ai vu l’infini mille fois dessiné dans son dos humide et parfois même, ce méandre bleu qui vers le ciel se tord.
Qu’as-tu à répondre à cela ? Crois-tu que l’équilibre m’intéresse ? Crois-tu que tu pourrais me rendre heureux ? Moi, je fume au nez des dieux de fines cigarettes et je me fous d’avoir raison, je me fous pas mal d’avoir tort. Tu ne pourrais pas comprendre ce que c’est, toute ta stabilité est basée sur l’absolue certitude que ces émotions-là ne sont que des illusions.
Je me fous des illusions ; tout ce que je veux, c’est signer ma perte, et, coûte que coûte, comme ce méandre bleu, vers le ciel me tordre.

▷ you know you love me.

PSEUDO/PRÉNOM: hunk, lola. ÂGE: 20 ans. FRÉQUENCE DE CONNEXION: 3-2/7. SCÉNARIO/INVENTÉ: inventé AVATAR: niclas gillis. COMMENTAIRE: